Les applis anti-gaspi à l’abordage
Décryptage de ce phénomène de société avec le leader sur ce créneau, Too Good To Go, et un de ses partenaires, les Moulins Dumée.
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Phenix, Optimiam, Too Good To Go… L’usage de ces applis de lutte contre le gaspillage alimentaire ne se dément pas. Mettant en relation commerçants et consommateurs, elles permettent à ces derniers de récupérer dans les commerces ou restaurants, à des créneaux horaires précis, des invendus à petits prix. À date, celle qui se présente comme le leader sur ce créneau, Too Good To Go (littéralement Trop bon pour être jeté) compte en France 6 millions d’utilisateurs, 15 000 partenaires commerçants dont 3 000 boulangers.
« Depuis le lancement de l’appli en juin 2016, 15 millions de paniers ont été sauvés, un panier surprise moyen étant vendu 4 €, trois fois moins que sa valeur initiale, illustre Stéphanie Moy, porte-parole du mouvement. Le commerçant a à sa disposition une plateforme où il évalue le nombre de paniers qu’il est susceptible de perdre par jour, mais peut ajuster selon ses ventes de la journée. » Pour en bénéficier, le commerçant s’acquitte d’une commission de 39 €/an, déduite en réalité de ses ventes de paniers, versées chaque trimestre par la start-up, qui se rémunère autour de 1 € par panier.
10 % du pain non commercialisé
Selon l’Ademe, 10 Mt de nourriture sont jetées chaque année en France. Soit entre 20 et 30 kg par personne et par an. Rien que dans les boulangeries, plus de 10 % du pain est écarté de la vente (donné, déclassé en alimentation animale ou détruit) chaque année. Plusieurs acteurs du secteur adhèrent à Too Good To Go, dont l’enseigne de restauration rapide Pomme de Pain (groupe Soufflet) ou des relais de prescription, convaincus de la lutte contre le gâchis alimentaire, tels les Moulins Dumée (Yonne), qui écrasent plus de 100 000 t de blé par an. En début d’année, le meunier, qui fait déjà don du surplus de son fournil de panification à une épicerie solidaire, a rejoint l’initiative Too Good To Go dans le but de sensibiliser ses clients boulangers artisanaux. « C’est une démarche vraiment simple pour eux et qui leur permet à la fois de transformer leurs pertes en revenu et de toucher une nouvelle clientèle », vante Florence de Romémont, responsable marketing. Pourtant, force est de constater que la dynamique est un peu en berne. « La crise du Covid-19 n’a fait qu’amplifier la difficulté rencontrée, à savoir la communication auprès des clients que nous peinons à faire passer. Celle-ci ne peut se faire que par le biais de nos commerciaux, or leur engagement, malgré une formation spécifique, n’est pas optimum. Par ailleurs, des associations sont déjà en contact avec les artisans pour récupérer les invendus. »
Malgré tout, Florence de Romémont compte bien reprendre son bâton de pèlerin dès septembre, avec du personnel de Too Good To Go en soutien. « Tous les acteurs de l’agroalimentaire doivent aujourd’hui s’engager de manière concrète et faire passer des messages forts contre le gaspillage alimentaire, pour mieux protéger notre planète et ceux qui l’occupent. » Pourquoi pas profiter de la journée de la lutte contre le gaspillage alimentaire qui aura lieu le 16 octobre pour se lancer ? Too Good To Go y concrétisera l’application de son Pacte sur les dates de consommation, rassemblant 47 acteurs de la filière alimentaire et portant sur la gestion et la compréhension de ces dernières, responsables de 10 % du gaspillage alimentaire européen.
Renaud Fourreaux
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